Complexe d'oedipe ?

Une conséquence de la non-résolution de l’Œdipe à l’âge adulte est l’immaturité affective qui peut se reporter sur les enfants qui se retrouvent alors en place de frère ou de sœur d’un de leurs parents, y perdant leurs repères. Difficile aujourd’hui de dire ce qui se passera dans une famille homoparentale puisqu’il faut souvent deux ou trois générations pour apprécier la façon dont l’Œdipe a été ou pas « liquidé »

Peut-il se construire sans un référent masculin (pour un garçon) ou féminin (pour une fille) à qui s’identifier ?

Les humains sont capables de se construire dans n’importe quelles condi­tions dramatiques, mais ils ont besoin de repères pour penser leur place dans l’histoire familiale et panser les blessures. Un enfant est toujours issu d’un homme et d’une femme. Ce qui peut être perturbant est que soit délibérément effacé de sa filiation celui ou celle qui aura contribué à son engendrement (en cas de recours à l’insémination ou à une mère porteuse). Un référent ne comble pas l’absence d’un père ou d’une mère qui les renvoie doulou­reusement à l’énigme de leur origine.

Les homoparents doivent-ils reproduire le rôle d’une mère et d’un père ?

Dès son plus jeune âge, un enfant cherche à reconnaître en quoi les hommes et les femmes sont différents, bien au-delà de la distribution des rôles. Quel que soit son comportement, une femme reste la mère pour un enfant, même si elle incarne l’autorité. Et un homme reste le père, même si c’est lui qui câline.

Etre adopté suppose déjà une différence par rapport à un enfant biologique, ajouter une différence est-il préjudiciable pour l’équilibre ?

Il est clair que cela ne lui simplifiera pas l’existence. Il n’est pas évident de vivre dans une famille qui rend accessoire la différence des sexes alors qu’on en sait l’importance pour la construction du psychisme.

Quelles sont les situations les plus favorables pour l’enfant élevé par des parents de même sexe ?

Je n’ai pas d’a priori contre l’adoption d’un enfant par des parents de même sexe s’il est bien au courant d’où il vient et de comment il a été conçu. Je distingue l’adoption de la « fabrication » d’un enfant avec le recours à un tiers (mère porteuse, insémination) parce que la confusion est entretenue. Dans le cas du recours à un tiers utile pour la conception, la filiation de l’enfant est d’emblée amputée. Des enfants privés de père ou de mère pour des raisons accidentelles, cela existe depuis la nuit des temps, mais ce qui était accidentel risque de devenir la norme.

Est-il important pour un enfant d’avoir accès à sa filiation biologique ?

La recherche de sa filiation, si elle se heurte à des oppositions adminis­tratives, peut procurer une souffrance morale importante. Les spécialistes de l’adoption mettent en évidence le besoin de connaître sa filiation biologique. Ce besoin se fait surtout sentir au moment où l’enfant adopté voudra fonder à son tour une famille. Comme la plupart des humains mais avec une plus grande intensité, l’enfant adopté veut savoir « à qui je ressemble » sans pour autant remettre en question sa filiation légale. Pour les couples hétéros, le don anonyme de sperme est l’objet de débats et nombreux sont les enfants procréés dans ces conditions qui ressentent cet anonymat comme une violation de leurs droits à connaître leur histoire.

Que disent les études réalisées sur les enfants élevés par des parents de même sexe ?

Les blessures les plus profondes sont invisibles aux études ! Ces études, on ne sait jamais qui les a commanditées, payées, sur combien de cas elles portent, ni quelle méthodologie a été suivie. Parmi les enfants testés par l’Association de parents et futurs parents gays et lesbiens, la grande majorité a d’abord vécu dans une famille hétéro. On a peu d’études sur les enfants issus d’une mère porteuse ou d’une insémination.

Etre un enfant issu d’une famille homoparentale ou hétéroparentale, c’est pareil ?

Si la loi républicaine décide qu’il doit y avoir égalité de droits ce sera ainsi. Mais, dans les faits, il n’y aura jamais égalité puisque dans un cas (hétéro) deux humains conçoivent un enfant tandis que dans l’autre option (homo) le couple procréateur est une fiction nécessitant a minima une tierce personne pour devenir réelle. Deux n’est pas égal à trois. En réalité, il ne s’agit pas de protéger l’enfant mais le parent non géniteur. Il y a une confusion entre droit de l’enfant et droit à l’enfant, or avoir un enfant ne relève pas d’un droit.

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